Quand la perception de l’hospitalité diffère

Date : 25/10

Auteur : Anne

Nous nous réveillons par un soleil splendide. La vue depuis notre tente est absolument majestueuse.

Après avoir rangé nos affaires, Fatima nous propose du thé. Bien que nous ayons tout ce qu’il faut pour petit déjeuner, nous acceptons sa proposition de peur de la froisser.

Afin de remercier la famille de son hospitalité, nous lui offrons un t-shirt et des bonbons pour les enfants. Au moment de partir, nous allons dire au revoir à tout le monde et Fatima s’approche de nous en prononçant le mot « dirham ». Nous comprenons alors que nos présents ne sont pas tout à fait ce qu’elle attendait et nous lui tendons un billet.

Cet épisode me marquera pendant toute la journée. Je pensais que cet accueil était désintéressé, et que l’argent n’y trouvait pas sa place. Je constate que tel n’est pas le cas et alors un sentiment atroce de culpabilité s’empare de moi. Nous, jeunes occidentaux idéalistes, nous nous invitons chez une mère veuve avec 5 enfants à charge et nous pensons qu’un t-shirt et 10 bonbons suffiront à la remercier. D’un autre côté, nous savons aussi que dans certaines de nos rencontres, si nous avions sorti des sous, nous aurions offensé nos hôtes. Comment jauger notre action sans vexer et sans profiter de l’immense gentillesse des gens ???

Nous reprenons notre route direction Errachidia et traversons là encore des paysages somptueux, très arides et caillouteux mais offrant des couleurs et des formations géologiques extraordinaires.

Nous roulons correctement et arrivons à Errachidia en fin de matinée. Cette ville nous plaît beaucoup, elle présente une harmonie architecturale où l’ancien et le nouveau se complètent. Le roi Mahommed VI devrait passer dans les jours à venir ce qui explique la mise en place de drapeaux sur la route et dans la ville. Errachidia semble être une ville universitaire et les bâtiments de la faculté sont majestueux.

Nous arrivons au centre-ville et cherchons un cybercafé. Evidemment, à peine arrêtés, un jeune homme très bien attentionné nous propose son aide et nous indique un café avec wifi. Nous nous y rendons et ce jeune homme nous y rejoint. Il s’installe alors à côté de nous et engage la conversation.

« Bonjour, ça va ? C’est la première fois au Maroc ? Et vous allez où après Errachidia ? Ah Merzouga ! C’est beau là-bas, si vous cherchez une auberge, mon oncle en a une là-bas. Voilà le prospectus ! Ballade en dromadaire dans les dunes… Et vous faites quoi en France ? Vous êtes de quelle région en France ? Ah Paris, qui se lève à 5h !!... » Et là je bous intérieurement ! « Mais lâche nous ! Tu vois pas qu’on fait autre chose, qu’on n’a pas besoin de guide et qu’on n’a pas envie de te faire la conversation, qu’on n’a pas de sous et qu’on veut être TRANQUILLES !!! »

Hadrien lui a trouvé le truc. Expliquer tranquillement au mec qu’on a quitté nos jobs, qu’on part pour 15 mois, qu’on vit avec 10€ par jour et que globalement le tour de chameau à 600 DHS, ça va pas être possible. Tranquillement, avec le sourire et beaucoup de patience… et ça passe ! Le mec au bout de 45 min, se rend compte que les p’tits jeunes ne lui lâcheront pas un radis, nous souhaitent bon voyage et s’en va ! Mais moi, là franchement aujourd’hui j’étouffe ! Je rêve de me poser dans ma tente, de faire mes pâtes, et de n’être sollicitée par personne !

Ce constat m’inquiète car il est en totale opposition avec ma conception initiale du voyage : rencontrer des gens, partager avec eux. Et là je suis déçue, frustrée. J’en viens même à me dire que Lalami et Mustapha attendaient des dirhams qu’on ne leur a pas donnés, qu’à chaque que quelqu’un s’intéresse à nous, c’est pour obtenir un billet ! ça me rend dingue. Ça me donne envie de fuir en quelque sorte ! J’en viens à avoir peur d’établir un contact avec les gens de peur d’être déçue de la finalité de la relation.

Résultat, je passerai cette journée dans une tension terrible. Au moment du déjeuner, alors que nous cherchons un coin d’ombre, une horde de gamins se met à nous suivre et nous sort le refrain habituel. Je remarque chez Hadrien une grande décontraction. Il va au-devant de leurs questions et établit avec eux un contact qui le met dans une position différente que celle d’un touriste lambda.

Alors, pour finir ce séjour marocain de façon sereine et attaquer le séjour africain sans stress, il va falloir se détendre et adopter la méthode HG. C’est toi qui dis « bonjour ! ça va ? » avant eux, qui quand un enfant te demande « donne-moi un stylo, donne-moi du dirham ! », tu lui réponds « et toi, donne-moi du couscous ! ». Sourire, blague, toujours ! Et puis, essayer, essayer encore d’établir des liens avec la population locale, réussir à estimer quand il faut remercier par un présent ou par un billet. Hadrien dit qu’on ne cesse d’apprendre, qu’on risque de se tromper encore mais qu’il faut réessayer. Je sais qu’il a raison.

Nous déjeunons dans une oasis privée irriguée par un forage. Un havre de fraicheur alors que 3 mètres derrière nous, s’étend le désert… C’est incroyable ! Nous relâchons un peu la pression.

Nous reprenons la route en direction du sud. Les couleurs de fin de journée rendent le paysage rose. C’est fabuleux. Nous arrivons alors à la Source Bleue de Meski indiquée dans les guides et dont nous savions qu’il était possible de camper à côté. En bon spot touristique, on nous demande si on veut aller au camping. Hadrien ayant compris que le fait de dormir dans un camping me permettrait de faire une pause, n’y voit pas d’inconvénient majeur même si je sens bien qu’il ne s’agit pas de la façon dont il avait envisagé cette nuit.

La source bleue est un attrape-nigaud sans nom !! Hadrien en profitera cependant pour prendre un bain de source.

Bain de source
Bain de source

Nous sommes évidemment sollicités pour venir prendre le thé chez Mohammed qui s’est autoproclamé notre ange gardien. Nous acceptons finalement sa proposition et ce dernier après nous avoir posé toutes les questions nécessaires pour juger quel genre de client/pigeon nous pouvions être, nous sort toutes sortes de tapis, vestes et croix du sud. Parce que nous sommes en vélos et que nous ne pouvons porter que le strict nécessaire, nous lui faisons comprendre que nous ne lui achèterons rien.

Mais ce dont nous sommes sûrs, c’est que les grandes écoles de commerce nous rien à envier l’école du souk marocain !

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Commentaires: 2
  • #1

    Camille (lundi, 08 novembre 2010 18:47)

    Courage les Véloptimistes ! Il faut voir le verre à moitié plein : vos rencontres malheureuses de ce jour-là n'enlèvent rien aux superbes rencontres que vous avez fait la veille chez les trappistes. Bonne route !

  • #2

    Antoine et mathilde (mardi, 09 novembre 2010 21:49)

    Anne!!....t 'as pas 100 balles!
    on se marre bien en te lisant!

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