Carretera Austral (V) - Vent et pluie, c’est aussi ça la Patagonie !!

Date : 14 et 15/02/11

Rédacteur : Anne

Trajet : Lago General Carrera – Villa Cerro Castillo


Le vent a soufflé toute la nuit en rafales. Ce matin, nous nous réveillons au sec avec l’impression d’avoir dormi dans un sèche-linge. La bonne nouvelle consiste à dire que nos affaires sont sèches ainsi que notre petite maison.Nous quittons donc le terrain, gentiment prêté par le monsieur qui vend du miel, et prenons notre courage à deux mains pour aller affronter Eole himself ! Je ne sais pas si j’ai déjà dit à quel point je déteste le vent, mais c’est une haine phobique. Hadrien hait la pluie et bien moi, j’ai peur du vent. Nous parcourons les 15 premiers km de cette journée face au vent, ou avec le vent de côté. Malheureusement ce dernier n’est pas stable et il nous emporte régulièrement sur un côté ou l’autre de la route ! Dans ces cas-là, on espère qu’un gros pick-up se sera suffisamment écarté de nous pour qu’on ne se rentre pas dedans… Bref, le début de la matinée est globalement dur et désagréable. Message à tous ceux qui pensent qu’il n’y a pas de vent sur la Carretera : c’est FAUX ! Il y en a sans doute moins que sur la route 40, mais il y en a quand même ! Et pas de la petite brise !Sur la route, nous doublons un couple de cyclistes suisses « avec » lequel nous voyageons depuis quelques jours. Nous les doublons, puis comme ils sont globalement plus rapides que nous, ils nous dépassent à nouveau. On ne connaît même pas leurs prénoms…

 

Alors que nous quittons enfin les bords du Lago General Carrera, le vent se calme et nous trouvons une route extra toute plate ou presque. Nous sommes ravis de quitter pour quelques temps les montées et descentes si réputées en Patagonie.Dans l’après-midi, nous faisons une super rencontre. Il s’agit de Jalil, étudiant à l’Insa et actuellement en échange en Argentine. Pendant les vacances de son université, Jalil et un de ses amis, se baladent sur la Carretera Austral en trike ! Un Trike est un vélo couché très bas avec deux roues à l’avant et une roue à l’arrière. Il a construit son engin lui-même dans un atelier argentin. La bête possède aussi une voile mais qui semble lui avoir peu servi ! Nous sommes très heureux de rencontrer un autre cycliste « bizarre » et d’échanger sur nos expériences. On en conclut tous, que ces bestioles sont d’autant plus géniales sur asphalte que sur ripio ! Jalil nous donne aussi des nouvelles de nos copains cyclistes : Peter et Nafissa sont 20 km devant nous !! Chacun reprend alors sa route et nous roulons encore une bonne dizaine de km sur du plat à travers une jolie forêt. Si le vent s’est calmé, la pluie quant à elle, n’a pas dit son dernier mot. La voilà qui nous gratifie d’un petit crachin sympathique. Nous avons l’impression de pédaler dans un nuage ou dans un brumisateur géant. Le paysage a quelque chose de mystérieux. On est entre l’Ecosse et la Réunion. La végétation est luxuriante, les cascades se mêlent à la pluie, il y a de l’eau partout dans ce pays !La montée que j’avais vu sur le diagramme du guide arrive alors. Comme prévu, les pentes sont déraisonnables et nous poussons. Le sourire et le moral sont là d’autant que nous nous étions fixés comme objectif de dormir en haut de cette côte. Nous montons d’abord chacun en poussant nos vélos, puis sur une montée encore plus difficile, nous poussons un vélo à deux !!

Encore quelques mètres de dénivelé, la pluie commence à forcir, nous avons roulé 53km, et nos jambes ne répondent plus très bien à nos sollicitations ! Il est donc temps de faire une pause et de planter la tente pour la nuit.Nous élisons domicile dans un champ déjà drôlement humide et choisissons un endroit un peu en hauteur pour éviter de se retrouver dans un ruisseau ou dans une flaque.Pour monter la tente, il faut faire très vite car celle-ci doit être le moins mouillée possible ! Pour une première fois avec un telle pluie, on ne s’en sort pas si mal ! On s’ébroue avant de rentrer dans la tente et puis on fait tout depuis notre nid ! Cuisine, vaisselle ! Se pose juste le problème d’aller aux toilettes avant de dormir ! Et là, c’est le drame, il faut se rééquiper, faire vite, très vite et venir à nouveau se réfugier !Je crois n’avoir jamais vu une tente aussi trempée. Toute la nuit, nous avons été bercés par le bruit des gouttes sur le double toit ! Pourtant nous avons bien dormi. Hadrien est complètement déprimé à l’idée qu’il puisse faire ce temps le lendemain… La pluie le mine vraiment !!Finalement, le réveil sonne et la pluie n’a pas faibli ! On se demande un peu ce qu’on doit faire ! Est-ce qu’on y va tout de suite ? Est-ce qu’on passe une journée dans la tente en attendant que ça passe ? On est tellement bien dans nos duvets chauds, aucune envie d’aller se faire mouiller. Cependant, nous savons que la prochaine ville avec un potentiel camping avec douche chaude et feu dans une pièce commune est à environ 65 km d’ici. Nous optons donc pour tenter de rejoindre cette bourgade de pionniers au plus vite !

L’ambiance dans la tente ressemble à une veillée d’armes. Tout est rangé, nous nous habillons : gore tex, pantalon étanche, gants étanches, casquette à mettre sous la capuche pour éviter de se prendre des gouttes dans les yeux (encore une astuce de nos amis Globicyclette). Nous sortons et démontons la tente aussi vite que possible ! Pas assez vite malheureusement, cette dernière est trempée en deux minutes.Nous reprenons finalement la route, tellement bien équipés que la pluie ne me gêne plus ! ça m’amuse presque cette situation. On pédale sous des trombes d’eau et on est même pas mouillés ! Magique Gore Tex ! Nous avons une pensée émue pour le Vieux Campeur !Mais cette situation nous donne des ailes. Nous avançons à toute allure ce matin. Le ripio est super compacté tant est si bien qu’on dirait de l’asphalte et avec ça, mon pote le vent à décider de se mettre de notre côté ! Il nous pousse en douceur, c’est absolument parfait. Sur notre route, nous rencontrons un couple de cyclistes américains qui vient de Villa Cerro Castillo. Ils nous annoncent que la ville est à 35km ! Youhou ! C’est jouable, on devrait y être ce soir. (Ils nous disent aussi qu’hier il ont essayé de quitter la ville, mais le vent était tel qu’ils ont fait 9km en 2h30 ! Ils ont abandonné et sont retournés au camping !) Pour la pause déjeuner, nous avons fait 32km, ce qui n’avait pas dû nous arriver depuis l’Afrique !Nous déjeunons très rapidement, rattrapés par la pluie !

Puis nous entamons l’ultime montée avant Villa Cerro Castillo. A la hauteur de ses consœurs, si j’ose dire. Nous arrivons alors à l’aube de la descente qui nous amènera au village. La route est absolument terrible. Si nous avons eu le meilleur ripio ce matin, nous avons le pire cet après-midi ! Mais la vue est extraordinaire. Nous avons vue sur le Cerro Castillo et sur les cascades qui descendent du glacier et qui viennent alimenter le Rio Ibanez … Un spectacle magique, entre nuage et éclaircies. Un très grand moment ! La descente est longue et assez fatigante car nos roues avant et arrière dérapent.Nous arrivons finalement dans la ville et nous mettons à la recherche du camping-douche chaude-feu de cheminée dans la pièce commune. Nous arrivons finalement dans un camping tout au bout du village. Et surprise : nous tombons sur nos cyclistes suisses ! Incroyable ! On ne pensait pas les revoir. Nous leur demandons leurs prénoms : René et Myriam ! Encantado ! Nus savons aussi que Peter et Nafissa ont dormi ici hier soir ! Une nouvelle bonne adresse de cyclistes !Hadrien révise les vélos, pendant que je savoure une vraie douche ! La dernière date de Villa O’Higgins (9 jours !!) même si quand même, on s’est lavés dans les rios et dans les lacs quand il faisait beau.Nous filons ensuite faire quelques courses et achetons 500g de bœuf pour le diner. Ça ne coûte absolument rien comparé aux fruits et aux légumes par exemple ! Et c’est tellement bon ! Sur notre réchaud de compétition, Hadrien nous fait griller cette pièce fabuleuse que nous savourons « religieusement », comme dirait mon Papy ! Une petite touche de sucré et me voici en pleine rédaction de ce deux derniers jours au coin du feu ! Demain, nous nous mettons en route pour la capitale de la Patagonie : Cohayique, que nous atteindrons en principe dans 2 jours. Au programme : de l’asphalte et 800m de dénivelé au réveil sur 15km ! Mais à chaque jour suffit sa peine, comme dirait ma Maman !Vent et pluie, c’est aussi ça la Patagonie

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